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société

L’enseignement transfrontalier pour réunir le meilleur des deux univers

Par Tomas Vanheste, traduit par Sophie Hennuy
2 octobre 2023 13 min. temps de lecture

Profiter des connaissances et compétences au-delà de la frontière et adopter les éléments positifs du pays voisin, c’est ce que souhaitent les spécialistes de l’enseignement aux Pays-Bas et en Flandre. Toutefois, la coopération transfrontalière rêvée peine à voir le jour en raison d’obstacles juridiques et d’un certain manque de bonne volonté des pouvoirs publics.

De très jeunes enfants accourent avec fierté pour montrer leur travail à l’étrange monsieur venu partager leur classe aujourd’hui. Il s’agit de l’invité de l’école primaire De Driesprong à Hoek, village de Flandre zélandaise, où Silke Vansant, originaire de Vorselaar (province d’Anvers), est institutrice stagiaire. Le visiteur admire leur travail et pose au passage une question suggestive: «Ce n’est pas trop dur de s’habituer à une institutrice avec un accent aussi bizarre?» Sa question est accueillie par un regard perplexe. «En fait, elle se débrouille plutôt bien», répond une petite fille.

Plus tard, dans un petit bureau, Silke Vansant explique qu’elle tenait à effectuer un stage de l’autre côté de la frontière. «J’ai choisi les Pays-Bas, parce qu’ils sont souvent en avance sur la Belgique, notamment au niveau de la pédagogie par le jeu. Il s’agit d’apprendre par la pratique avec du vrai matériel, à sa manière. J’ai toutefois été un peu déçue; peut-être parce que mes attentes étaient trop élevées. Ici, tout passe encore souvent par le papier et c’est la même chose pour tout le monde.»

Elle retire malgré tout certains éléments des Pays-Bas. «Ici, on examine vraiment ce que chaque enfant doit être capable d’accomplir et s’il est nécessaire de renforcer l’accompagnement», explique la jeune enseignante. «En Flandre, le principe est plutôt d’organiser des activités amusantes auxquelles nous fixons ensuite un objectif. Ici, nous réfléchissons de cette manière: j’ai tel objectif, que dois-je faire pour m’assurer que les enfants le maîtrisent?»

Silke Vansant: aux Pays-Bas, on examine vraiment ce que chaque enfant doit être capable d’accomplir et s’il est nécessaire de renforcer l'accompagnement

Selon elle, la Belgique pourrait aussi s’inspirer de l’autonomie des enfants néerlandais. «Aux Pays-Bas, les enfants n’entrent à l’école qu’à l’âge de quatre ans, en Belgique, à l’âge de deux ans et demi. J’ai l’impression que cela fonctionne. Chez nous, si les enfants ne sont pas encore capables de faire quelque chose, on s’en charge à leur place. Aux Pays-Bas, on est plutôt dans l’optique «l’enfant le fait lui-même ou, s’il n’y parvient pas encore, un autre enfant l’aide et ensuite seulement, un·e enseignant·e l’aidera.»

Silke Vansant n’a pas encore choisi le pays dans lequel elle souhaite travailler. «En Belgique, il faut énormément de temps pour orienter les enfants à besoins spécifiques», observe-t-elle. «Si cela fonctionne mieux aux Pays-Bas, mon cœur s’y plaira mieux, car je pourrai au moins faire quelque chose de bien pour ces enfants.» Pourtant, elle n’est pas tout à fait certaine que l’organisation soit meilleure chez son voisin du Nord. «Une aide a été proposée ici. Elle reste malheureusement un peu insuffisante en raison de la pénurie d’enseignant·es.»

En Flandre, il existe une formation spécifiquement axée sur les maternelles, alors qu’aux Pays-Bas, le cursus porte sur l’ensemble de l’enseignement fondamental

Veerle Duitemeijer, sa référente, partage cet avis. «Nous disposons de peu de bras et faisons également face à des collègues malades que nous ne parvenons pas à remplacer. C’était bien que tu sois là, Silke, ta présence m’a permis de me libérer pour accompagner quelques enfants.»

Elle ne tarit pas d’éloges sur la stagiaire flamande. «Les bases de Silke sont bien plus solides que celles des étudiant·es néerlandais·es», ajoute-t-elle. En Flandre, elle a suivi une formation spécifiquement axée sur les maternelles, alors qu’aux Pays-Bas, le cursus porte sur l’ensemble de l’enseignement fondamental. «Les étudiant·es néerlandais·es apprennent un peu de tout, mais approfondissent beaucoup moins», explique Mme Duitemeijer.

Les mains sales

Il suffit de se promener dans l’école De Driesprong pour constater que les échanges néerlando-flamands sont riches d’enseignements pour les deux côtés. «Nous envisageons beaucoup trop l’enseignement d’un point de vue national», affirme Dirk Van Damme, expert renommé de l’enseignement. À la mi-février, lors d’un colloque au public très nombreux à la Havenshuis de Gand, il s’est exprimé sur l’enseignement transfrontalier dans la région du North Sea Port
(port de la mer du Nord), zone qui s’étend de Gand à Flessingue (Vlissingen) hébergeant le premier port binational d’Europe. Il préconise une approche écologique qui inscrit l’enseignement dans la communauté régionale, dans les valeurs et les besoins locaux qui ne changent pas soudainement une fois la frontière franchie.

En tout cas, ce dont a besoin la région du North Sea Port, c’est de personnel technique. Greet Van Dender, directrice de l’établissement secondaire technique Richtpunt Campus Hamme, est l’une des oratrices de la Havenhuis. Elle tire la sonnette d’alarme. L’image de l’enseignement professionnel est si négative que les parents ne veulent pas y envoyer leurs enfants; le taux de scolarisation est «effroyablement bas» et l’accompagnement des élèves prend tellement de temps que les professeur·es arrivent à peine à enseigner.

C’est un problème sociétal auquel elle n’a pas de solution toute faite, confie-t-elle plus tard par téléphone. «Les élèves qui vivent la merditude des choses dans leur foyer l’emmènent à l’école et il est difficile de leur inculquer des valeurs.»

Il n’est pas possible de redorer du jour au lendemain l’image de l’enseignement professionnel, qui a triste réputation depuis 30 ans. Alors que les entreprises réclament du personnel technique, les parents valorisent davantage les compétences cognitives et communicatives au détriment de la capacité à travailler de ses mains. Ils préfèrent envoyer leurs enfants dans l’enseignement secondaire général. Toutefois, en raison de l’effet cascade observé en Flandre, beaucoup finissent par devoir «décrocher» pour suivre un enseignement professionnel ou technique. Les élèves qui ont marché sur des œufs pendant des années atterrissent dans l’école de Mme Van Dender avec une confiance en soi ébranlée. «Nous consacrons donc plus de temps à l’accompagnement des élèves. Le fait que nous n’ayons pas pu travailler sur les compétences que l’on acquiert chez nous dès le début est également très regrettable.

les entreprises réclament du personnel technique, mais les parents valorisent davantage les compétences cognitives au détriment de la capacité à travailler de ses mains

Les élèves de l’enseignement technique et professionnel ont le sentiment que la société les méprise. «Les personnes qui travaillent de leurs mains sont encore considérées comme inférieures», déplore la directrice. Elle a vécu la même chose durant sa jeunesse. «Mon père avait toujours les mains sales. Il était mécanicien automobile et n’arrivait pas à se débarrasser du cambouis. Il était considéré comme inférieur à cause de cela.» La colère est encore perceptible dans sa voix. «Pourtant, tout le monde avait besoin de lui, parce qu’il savait tout faire», se souvient-elle. «C’est un savoir-faire qui requiert aussi des connaissances. En fait, l’enseignement technique et professionnel est “deux fois plus solide”, car on apprend à travailler à la fois avec ses mains et avec sa tête.»

Fin janvier 2023, le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts annonce qu’il souhaite organiser des concours pour les élèves de l’enseignement technique et professionnel en collaboration avec les Pays-Bas. «Chaque geste compte», déclare Greet Van Dender. «Je ne peux qu’applaudir cette initiative. Elle favorise l’estime de soi de nos élèves.»

Elle est également enthousiaste à l’idée que les ministres de l’Enseignement des Pays-Bas et de Flandre considèrent ce plan comme un prélude à une coopération plus étroite. «Il est toujours possible d’apprendre des autres», affirme-t-elle. Dans le cadre d’un emploi précédent de coordinatrice de projets internationaux, elle était en contact avec le collège Da Vinci de Dordrecht. Elle y avait constaté que l’enseignement professionnel entretenait des liens étroits avec les entreprises locales. Ce phénomène est en train de prendre de l’ampleur en Flandre», observe Greet Van Dender. «Nous avons récemment organisé un événement de réseautage avec la Chambre de commerce. C’est positif pour l’amour-propre de nos élèves, qui constatent ainsi que notre école a de l’importance aux yeux des entreprises.»

Recul démographique et transfert de connaissances

Gorik Hageman, ambassadeur zélandais de l’enseignement et professeur d’allemand au collège Reynaert de Hulst, est lui aussi un fervent défenseur de l’enseignement transfrontalier. «Plusieurs écoles sont confrontées à une pénurie de personnel de part et d’autre de la frontière», explique-t-il. «La région est moins populaire, les jeunes désertent le coin, les naissances diminuent, ainsi que le nombre d’enfants scolarisés par voie de conséquence. Des deux côtés, les établissements scolaires sont en difficulté en raison de la baisse du nombre d’élèves. À Koewacht, deux écoles fondamentales sont séparées par un kilomètre et demi. Toutes deux doivent mettre les bouchées doubles pour survivre. Unir nos forces des deux côtés permettrait de redresser la barre.»

La régression démographique a moins d’impact dans le Limbourg, où il s’agit surtout d’un échange de connaissances, explique Sarah Schoenmakers. Elle est professeure de droit européen à l’Open Universiteit et enseigne aussi à la faculté de droit de Maastricht et à Hasselt, qui entretient une coopération intensive avec KULeuven. «Maastricht propose dix programmes de master en droit, avec différentes spécialisations», explique Sarah Schoenmakers.

«C’est une bonne chose que des personnes spécialisées dans un domaine précis puissent enseigner à vingt kilomètres de là. Pouvoir suivre des cours de l’autre côté de la frontière élargit les options des étudiants et étudiantes. Pour le corps enseignant, il est enrichissant de connaître les travaux de recherche des collègues et de pouvoir coopérer. Il s’agit d’une opportunité pour les universités d’utiliser leurs ressources de manière plus ciblée. Elles n’ont pas besoin d’embaucher une personne supplémentaire pour un sujet de niche spécifique.»

Dépasser la législation nationale

Profiter des connaissances et compétences au-delà de la frontière et adopter les éléments positifs du pays voisin. Tel est le charme de la coopération transfrontalière. Dans la pratique toutefois, elle n’a lieu que rarement en raison d’obstacles juridiques et pratiques. «On se heurte à une législation qui rend actuellement la chose impossible», explique Gorik Hageman. «Prenons par exemple les obligations en matière de cursus académique de part et d’autre de la frontière. Nous étudions présentement la possibilité de coopérer davantage avec les fonds européens et de créer un Groupement européen de coopération territoriale (GECT). Cela permettrait d’aller au-delà de la législation nationale dans la région du delta flamando-néerlandais et dans les provinces correspondantes. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir.»

La coopération transfrontalière n’a lieu que rarement en raison d’obstacles juridiques et pratiques

Sarah Schoenmakers souligne également les obstacles qui entravent la coopération. «Je pense tout d’abord à cette question pratique: dans quel pays payer les impôts et la sécurité sociale? À une époque où le télétravail est devenu la normalité, cela entraîne beaucoup d’incertitudes. L’Union européenne dispose de règles en la matière, mais les États membres les interprètent régulièrement à leur avantage, de sorte que les contribuables subissent souvent une double imposition, même en cas de convention fiscale. En ce qui concerne la sécurité sociale, heureusement, un sérieux progrès a eu lieu, ce qui constitue un véritable bond en avant.»

L’ambassadeur zélandais de l’enseignement étudie ces freins. Il cite un exemple frappant. «Une professeure flamande de latin de mon école de Hulst a deux filles à l’école de Saint-Nicolas. Elle a appris que le professeur de latin y était absent depuis longtemps. Elle a voulu le remplacer pendant les quinze jours des vacances de mai où elle est libre dans notre école pour éviter que les élèves accumulent trop de retard. Mais lorsqu’elle s’est renseignée auprès de son comptable, celui-ci lui a déconseillé ce suicide économique. L’avantage pour une Flamande de travailler aux Pays-Bas et de n’être taxée que dans ce pays serait complètement neutralisé par le fait qu’elle enseignerait le latin pendant quinze jours dans une école située à 18 kilomètres de chez elle.»

On pourrait imaginer que ces problèmes puissent être résolus grâce à la bonne volonté des pouvoirs publics. Qu’en est-il? «J’ai l’impression que les Pays-Bas réfléchissent bien plus activement à la situation», déclare Sarah Schoenmakers, qui vit dans le Limbourg belge. «Pendant la crise du coronavirus, on ne pouvait pas aller travailler à l’étranger. Aujourd’hui, le ministère belge des Finances communique qu’il faut prouver, à l’aide de reçus de restaurants et autres, que l’on travaille aux Pays-Bas si l’on souhaite être assujetti·e au régime fiscal néerlandais plutôt que belge. Il faut donc dépenser de l’argent pour prouver que l’on travaille à l’étranger, alors que des collègues qui vivent aux Pays-Bas peuvent se contenter de manger des tartines au chocolat préparées à la maison. Je trouve cela déjà ridicule, mais cela l’était encore plus en 2021, alors que nous vivions une pandémie .»

Gorik Hageman reconnaît que les Pays-Bas sont plus enclins à mener la réflexion. «Le ministère nous a même demandé de ne pas tourner le dos à la Flandre, mais de lui sourire. Toutefois, lorsque nous lui réclamons, en tant que région, de nous octroyer davantage de marge réglementaire, il reste compliqué de l’obtenir. Au bout du compte, on se heurte à un perpétuel “oui mais”».

Lorsqu’on lui demande un exemple, il évoque la comparaison qu’a faite Silke Vansant: en Flandre, les enfants vont à l’école dès l’âge de deux ans et demi, alors qu’aux Pays-Bas, ils attendent l’âge de quatre ans. Comme les services d’accueil des enfants sont beaucoup plus onéreux aux Pays-Bas, de nombreux parents choisissent d’inscrire leur enfant dans une école maternelle en Flandre dès le plus jeune âge. «Nous menons actuellement un projet pilote dans le cadre duquel, à l’instar de la Flandre, il est possible d’envoyer son enfant dans ce que l’on appelle un Integraal Kind Centrum (IKC, Centre intégral de l’enfance) dès l’âge de deux ans et demi», explique Gorik Hageman.

«Nous avons reçu des fonds en ce sens, c’est un succès, et en 2025, le but est même d’introduire ce système partout aux Pays-Bas. Notre financement prendra toutefois fin en 2023. Il y aura donc une année de battement pendant laquelle nous ne recevrons pas de subventions. Pour le gouvernement, cela figure très loin sur la liste des priorités. Les choses bougent beaucoup dans l’enseignement et, du point de vue des autorités, il s’agit de petits problèmes d’une région frontalière peu peuplée.»

Ne plus tourner le dos à la frontière

Malgré les obstacles fréquents, l’ambassadeur zélandais chargé de l’enseignement continue de croire en la coopération transfrontalière. «Des deux côtés de la frontière, nous organisons des journées de formation continue pour le personnel enseignant. Il serait très instructif que des spécialistes animent des ateliers dans leur domaine du côté flamand et inversement. Cela n’arrive pratiquement jamais. C’est dans nos têtes que se trouve la frontière, l’autre côté reste méconnu et mal aimé.»

Gorik Hageman tente à présent de changer cela avec Henk de Koeyer. Ce dernier dirige les projets De grenzeloze school et Grenzeloos leren (École sans frontières et Apprentissage sans frontières) au sein d’Elevantio, organisation éducative zélando-flamande. Dans le cadre du premier projet, des écoles des deux côtés de la frontière échangent leurs expériences et leurs connaissances –il s’agit des écoles de Zelzate, Maldegem et Stekene du côté flamand et de Westdorpe et Ede du côté néerlandais.

École sans frontières a vu le jour parce que De Koeyer a découvert, lors des réunions d’orientation, que les Néerlandais·es souhaitaient en savoir plus sur la méthode de co-enseignement qui émerge en Flandre. «Pour résumer, cette méthode consiste à diriger un groupe en binôme», explique Henk de Koeyer. «Une personne donne les instructions et l’autre soutient les enfants. Le co-enseignement est en train de décoller en Belgique, alors qu’il reste bien moins répandu aux Pays-Bas.»

La Flandre est particulièrement curieuse de connaître l’expérience néerlandaise en matière d’apprentissage coopératif et de travail avec des tâches hebdomadaires. Par une journée ensoleillée d’avril, des enseignant·es des deux côtés de la frontière se rassemblent au Kindcentrum de Oude Vaart à Terneuzen. Deux membres venant des Pays-Bas présentent à leurs collègues des «formes de travail coopératif», telles que le «bavardage positif», conçues par le gourou américain de l’enseignement Spencer Kagan. Le groupe se prête immédiatement à l’exercice. Il faut inscrire individuellement son nom et ce que l’on aime faire sur une feuille de papier. L’assemblée circule ensuite dans la pièce, on discute par deux de ce que l’on a écrit, on échange ses notes, se glissant ainsi chaque fois dans la peau de quelqu’un d’autre, que l’on présente avec enthousiasme à un·e camarade de classe.

L’apprentissage coopératif a fait ses preuves et est efficace, affirment les expert·es de Terneuzen. «Le plus important, c’est qu’il soit positif pour les compétences sociales des enfants. Même les enfants qui ne bavardent pas facilement en classe se sentent à l’aise. Cela augmente leur implication.» En Flandre, le corps enseignant est enthousiaste. «J’ai vraiment envie d’essayer ces méthodes dans ma classe», déclare l’un d’entre eux.

«Nous tournions le dos à la frontière parce que nous avons toujours pensé devoir regarder les autres écoles chez nous, puisque l’enseignement y est le même», explique De Koeyer. «Ce projet nous a permis de nous retourner et d’essayer de réunir le meilleur des deux univers.»

Tomas

Tomas Vanheste

journaliste indépendant et rédacteur en chef adjoint des publications de de lage landen.

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